Eric Bellion - 'une aventure de tous les jours'
by Bruno Ménard / Agence Mer and Media on 2 Oct 2015
Eric Bellion - 2016 Vendée Globe Mathilde Adrien Babillon / TREPIA
Vendée Globe – Le skipper de 'Comme un seul homme - Stand as one' est le huitième inscrit officiel. Ce sera sa première participation. Pour le moment, il prépare la Transat en double avec le Britannique Sam Goodchild et l’appui de l’écurie Mer Agitée. Avec beaucoup de méthode et un enthousiasme communicatif.
Eric, faisons le point. Où en est ton projet, Comme un seul homme - Stand as one?
EB : 'Tout va bien ! Nous sommes le 8e inscrit officiellement au Vendée Globe, et nous avons déjà choisi notre très belle place au ponton des Sables d'Olonne, c'est cool ! L'équipe a très bien travaillé pour ça aussi. Car c'est un vrai travail de monter ce dossier et d'aboutir. Nous sommes très contents. Là, nous sommes en pleine préparation de la Transat Jacques Vabre, avec Sam (Goodchild). Nous venons de démâter le bateau pour faire quelques modifications de jauge, notamment changer des drisses. Il sera remâté la semaine prochaine. Ce petit chantier nous a empêché de faire le Trophée Azimut, mais il était nécessaire. Ensuite, nous armerons le bateau en configuration transat et dans un mois ce sera le départ. »
Après quelques mois de navigation, que penses-tu de ton bateau (l'ex DCNS) ?
'Il est fabuleux, mon bateau (rires) ! C'est une vraie découverte pour moi, puisque ma référence la plus proche était le VOR (bateau de la Volvo Ocean Race ndr), qui n'a pas grand chose à voir à voir avec un 60 pieds du Vendée Globe. Je n'ai pas les yeux d'un pro de l'IMOCA bien sûr, mais je le trouve très rapide, très léger. Mine de rien, les deux roofs séparés me permettent de bien voir et bien décomposer les manœuvres… même si mettre une casquette va être nécessaire car on a vu que dans des conditions humides on en prend plein la figure. Nous avons participé au Fastnet cet été et nous nous sommes rendus compte que nous n'étions pas si loin des autres, donc qu'on va pouvoir jouer… ça fait forcément plaisir. »
On imagine que la collaboration avec l'écurie Mer Agitée de Michel Desjoyeaux est enrichissante ?
'On travaille ensemble oui, c'est une chance incroyable d'être là, à Port-la-Forêt. Dans notre équipe de sept personnes, nous sommes tous débutants en IMOCA et avec Mer Agitée nous sommes très bien entourés. C'est précieux notamment pour tout ce qui concerne les aspects techniques, les tests de sécurité, etc… On apprend tous les jours et heureusement qu'on a les anciens pour nous aider. « Mich' » est très pris, mais on communique beaucoup ensemble, on a fait la prise en mains du bateau avec lui et il répond toujours présent pour donner un conseil. Dès qu'on a une question un peu chaude, il arrive avec une réponse et nous pouvons faire le bon geste. C'est très précieux. On gagne beaucoup de temps et d'énergie grâce à ça.'
Avez-vous beaucoup navigué cet été ?
'Le bateau est à l'eau depuis le 8 juin et on a du faire entre 2500 et 3000 milles. Ce n'est jamais assez, mais on gagne chaque jour en confiance. C'est passionnant.'
Comment se passe ta collaboration avec le Britannique Sam Goodchild, avec qui tu vas courir la Transat Jacques Vabre?
'Super bien ! Je m'entraîne beaucoup avec Sam. Au début je voulais partir avec un gars de 50 ans qui aurait eu une grosse expérience en IMOCA, mais je me rends compte que notre rencontre est elle aussi une vraie chance. On n'a ni le même profil, ni la même culture, ni les mêmes trajectoires… Pour tout te dire au début je le trouvais presque énervant à n'avoir que des qualités : jeune, talentueux, beau gosse, performant, parfaitement bilingue (rires), il est ce que j'aurais voulu être à son âge ! On s'entend à merveille et on travaille avec un coach mental, on peaufine. Notre idée est la suivante : nous ne sommes ni les meilleurs marins du plateau, nous n'avons pas non plus le meilleur bateau, alors il faut que notre collaboration soit la meilleure. Du coup, notre collaboration progresse à chaque instant et on sait se dire les choses avec beaucoup de franchise, sans sous-entendu ou sans aucune rivalité à deux balles… et c'est génial.'
Le départ de la Transat est dans un mois… tu appréhendes ?
'Il n'y a pas d'appréhension, non : j'ai vraiment hâte d'être sur l'eau et de tirer le meilleur parti du bateau, avec Sam. L'idée est d'arriver au Brésil avec le bateau en bon état, puisqu'après je le ramènerai seul (et ça je l’appréhende un peu plus, puisque moi je n'ai fait que 40 jours de solitaire dans ma vie et c'était en Figaro). Soyons clair : le premier objectif est de réussir à se qualifier pour le Vendée Globe. Sam comprend très bien ça. Maintenant, on ne partira pas non plus en convoyage ! Il y a beaucoup de bateaux de notre génération d'inscrits et on va jouer ! De toutes façons, le bateau est désagréable à conduire quand il n'est pas assez toilé, donc… '
Où en es tu de ton budget, de tes partenaires ?
'Le budget est bouclé, il y a 14 mécènes réunis pour Comme un seul homme-Stand as one. J'en cherche un quinzième toutefois… parce que j'aime bien le chiffre 15 ! Mais je suis certain d'être au départ du Vendée Globe.'
Dans un an, nous serons tout proches du départ du Vendée Globe…
'Oui, le compte à rebours est commencé. Un an c'est long et c'est court à la fois… C'est une aventure de tous les jours et elle est déjà commencée. Chaque jour on prend des risques, chaque jour on avance, chaque jour on apprend de nouvelles choses. C'est crevant… mais tellement enrichissant ! '
If you want to link to this article then please use this URL: www.sail-world.com/138871