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Route du Rhum - Chacun sa route, chacun son chemin

by Marie Le Berrigaud - Perochon on 8 Nov 2014
2014 Route du Rhum - 7 novembre - Kito de pavant a bord de Otio Bastide Médical. DR
L’océan Atlantique fait figure de grand échiquier où les cinq classes de la Route du Rhum- Destination Guadeloupe placent leurs pions, choisissant leurs routes en fonction de systèmes météorologiques bien différents. A 1 300 milles (2 300 km) de la Guadeloupe, sous la latitude des Canaries, les Ultime emmenés par Loïck Peyron sur son grand trimaran de 31,50 m, tracent leur sillage à plus de 25 nœuds entre deux empannages.

Dans le sud des Açores, les IMOCA glissent enfin sous spi, François Gabart (Macif) et Jérémie Beyou (Maitre Coq) bataillant pour la tête de flotte. Les Multi50 naviguent aussi au portant avec les IMOCA et accélèrent franchement tirés par Erwan Le Roux (FenêtréA Cardinal), nouveau leader. Enfin, à mi-chemin entre l’archipel des Açores et les côtes portugaises, les classes Rhum et les Class40 s’étirent sur près de 600 milles et plongent vers le Sud pour doubler Madère par l’Ouest.

En effet les voiles s’ouvrent, les solitaires choquent les écoutes, ils hissent les spis ou les gennakers… et tombent les cirés. Les skippers en course progressent dans des conditions bien plus maniables sous des températures qui réchauffent les corps malmenés durant les quatre premiers jours. Enfin les alizés approchent! Mais la route vers la Guadeloupe n’est pas toute droite et forcément semée d’embûches. Il va falloir maintenant jouer aux fins stratèges pour empanner au bon moment, déjouer les pièges d’une dorsale qui barre la route aux IMOCA, Multi50, Class40 et Rhum. Les Ultime, eux, sont dans des alizés capricieux obligeant les skippers à réaliser des manœuvres d’empannages de haute voltige sur ces gigantesques voiliers.


170 milles séparaient hier Loïck Peyron (Maxi Solo Banque Populaire VII) de Yann Guichard (Spindrift 2). L’écart est aujourd’hui de 140 milles... Sur ces multicoques géants, la distance est vite perdue… et vite gagnée. Ce fut le cas ces dernières heures. Les trimarans de la classe Ultime ont dû empanner à plusieurs reprises, poussés par un alizé peu établi. Des zones de grains contraignent les solitaires à s’adapter, et chaque manœuvre fait perdre du terrain. Loïck Peyron pointe toujours en tête en bordure de l’anticyclone, cherchant à trouver le meilleur angle vent/vitesse et limiter les empannages. Deux duels sont à observer de près: Prince de Bretagne (Lionel Lemonchois) et Edmond de Rothschild (Sébastien Josse), et Musandam – Oman Sail (Sidney Gavignet) et IDEC Sport (Francis Joyon).

Grâce à leurs trajectoires un peu plus Ouest que leurs poursuivants, François Gabart (Macif) et Jérémie Beyou (Maître Coq) ont pris la poudre d'escampette dès que le vent a basculé au Nord-Ouest puis au Nord-Est. Ils progressent vers le Sud-Ouest, 100 milles devant Marc Guillemot (Safran) ralenti par de petites avaries et des zones sans vent. Tous les IMOCA naviguent depuis ce matin sous spi, à plat et dans des températures qui grimpent. Objectif : ne pas traîner sous peine de se faire rattraper par l'anticyclone des Açores qui prend ses aises. Tanguy de Lamotte (Initiatives Cœur), à 650 milles de la tête de flotte, navigue dans un autre système météo avec le milieu de tableau des Class40. Alessandro di Benedetto, quant à lui, déplore plusieurs gros soucis techniques à bord de Team Plastique-AFM Téléthon : son foc solent est déchiré et inutilisable, et il ne reçoit plus de fichiers météo depuis la matinée du 6 novembre.


Il l’avait annoncé: 'Je vais manger Lalou'. C’est chose faite depuis la nuit dernière : Erwan Le Roux sur FenêtréA-Cardinal a repris la tête de la flotte des Multi50. Mieux: il a relégué son rival Lalou Roucayrol (Arkema Région Aquitaine) à près de 30 milles dans son tableau arrière! Sous gennaker, les Multi50 poussés par un vent de Nord-Est encore instable en force et en direction en profitent pour tirer la quintessence de leur monture le long d’une zone de calmes. L’idée est de rejoindre rapidement l’autoroute des alizés dans un petit couloir de vent. La porte pourrait même se refermer sur les retardataires. Alors, en mer, les marins lâchent les chevaux… Yves Le Blevec (Actual) à 300 milles de la tête de flotte met du charbon pour rejoindre ses camarades. S’il a dépassé Etienne Hochédé (PiR2-CCI de Fécamp) sur son trimaran de l’ancienne génération, le skipper d’Actual sait que la tâche ne sera pas facile. Mais sur la Route du Rhum-Destination Guadeloupe rien n’est jamais écrit avant la ligne d’arrivée.

Ouf! Le front est derrière et la trentaine de skippers en mer goûte à la primeur de la navigation aux allures portantes. Changement de régime et nouveau décor sur les eaux plus calmes du grand océan. Les spis sont de sortie, les cirés tombent et il souffle comme un air de délivrance sur la tête de flotte qui ne boude pas son plaisir d’enfin lâcher les écoutes et de naviguer à plat dans un vent de Nord-Nord-Ouest mollissant. Une bataille d’empannages est engagée entre ces protagonistes positionnés dans le Nord de Madère et sommés de se faufiler entre les zones de vent plus erratique générées par l’anticyclone pour rejoindre le flux d’alizés. Ce vendredi après-midi, Kito de Pavant (Otio - Bastide Médical) s’offre les honneurs du classement, devant Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en peloton) et Yannick Bestaven (Le CONSERVATEUR).

Derrière, au large du Portugal entre la latitude de Lisbonne et celle du cap Saint-Vincent, ceux qui ont connu des escales techniques se mettent aussi en ordre de bataille. Ils composent les rangs d’un deuxième peloton. Les conditions de mer sont encore un peu difficiles. Mais, pour eux aussi, une nouvelle course plus tactique démarre avec la promesse d’également bientôt attraper le souffle salvateur des alizés dans leurs voiles.

Six solitaires de la Classe Rhum sont en escale dans les ports espagnols et portugais, soit pour se réfugier après le coup de vent, soit pour réparer ou reprendre du matériel avant de repartir : Hardouin, Coquelin, Diniz, Ecalard, Jail, Morvan. Pierrick Tollemer (Ensemble pour Entreprendre) est reparti de La Corogne et Christophe Souchaud (Rhum Solitaire-Rhum Solidaire) de Vigo... Le duel en tête est loin d’être fini entre Andrea Mura (Vento di Sardegna) très au Nord, et Anne Caseneuve (Aneo) au large de Madère: 280 milles en latitude séparent ces deux solitaires! Cette divergence stratégique laisse entendre qu’il faudra attendre une semaine encore avant de déterminer qui prendra le dessus aux Antilles… Pour Bob Escoffier (Groupe Guisnel), non seulement la course est finie depuis son hélitreuillage au large de La Corogne jeudi, mais la perte de son bateau semble acquise.


Heures estimées d’arrivée en Guadeloupe (heure de Paris)

Ultime : lundi 10 novembre en milieu de journée
Multi50 : vendredi 14 novembre au petit matin
IMOCA : dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 novembre

Francis Joyon - IDEC Sport (Ultime): 'J'ai empanné, je fais route au Sud pour essayer de trouver des vents un peu plus forts, il y a un beau ciel, la mer est belle, ça change des conditions du départ. Il y avait encore des petits grains cette nuit, quelques rafales et même de la pétole. J'ai empanné plusieurs fois pour essayer de me recaler vers le Sud car il y avait des bascules. Depuis ce matin j'ai pu prendre un cap pas trop délirant. Le vent s'établit un peu mieux maintenant. J'ai pas mal de petites contrariétés au niveau de l'entretien du bateau et du matériel. J'ai eu des avaries un peu lourdes, des problèmes de safran, mais bon j'arrive à résoudre les problèmes et le bateau continue à avancer à bonne vitesse donc ça va.'

Jérémie Beyou Maître Coq (IMOCA): 'On savait qu’il y aurait de la bagarre. Nous sommes servis. Nous avons de gros grains, la navigation au portant est un peu rapide, un peu tendue… J’ai fait du spi cette nuit, mais le vent est monté jusqu’à 30 nœuds et j’étais sous grand-voile haute et grand spi. J’ai ramené le grand spi, j’ai mis le gennaker, ce sont des manœuvres lourdes. En ce moment, ça glisse, mais ce ne sont pas les alizés, il y a de la boucaille, des grains… Je suis content de ma position, je me suis volontairement décalé au Nord pour aller chercher le front mais je ne voulais pas traîner dessous. La position de Marc Guillemot et d’Armel Tripon est un peu risquée, il y a des zones de pétole.'

Yves Le Blevec, Multi50, Actual: 'D’après la météo, on sera sous gennaker au portant jusqu’à la Guadeloupe. Pour l’instant c’est un peu breton comme météo, c’est un peu gris sur gris. On n’est pas du tout dans les alizés, on est dans des vents portants bretons. Je contourne une bulle anticyclonique, cela a l’air de passer pas mal, on se glisse dans un petit passage ; il y en a un autre devant. Tant que le bateau va bien, moi je vais bien. Les conditions sont propices à faire de la vitesse. Cela se passe plutôt bien mais mes camarades directs sont quand même plus de 300 milles devant, cela ne va pas être facile d’aller les chercher.'


Paul Hignard, Class40, Bruneau: 'Le début de course était très sportif car les 36 premières heures ont été très dures. Je suis content de ne pas avoir abandonné car il y avait de quoi, les pilotes automatiques sont tombés en panne l’un après l’autre, puis l’ordinateur... Le bateau a beaucoup souffert et moi aussi j’ai des bobos. Je me suis ouvert l’intérieur de la joue et j’ai une petite déchirure à la cuisse. Je ne m'attendais pas à ces conditions, les manœuvres étaient très compliquées, il fallait s’attacher correctement pour ne pas passer par-dessus bord et je me suis fait un peu mal car je n’ai pas l’habitude. En tout cas, c'est très formateur et je suis très content d'être là'

Bob Escoffier, classe Rhum, Groupe Guisnel: 'Concernant la santé, j’ai quelques petites ecchymoses et quelques bleus : je suis un peu courbaturé, sinon tout va bien. Côté moral, je suis triste : c’est la première fois que je ne ramène pas un bateau. C’était un beau bateau, celui de ma fille Servane. Il faut là aussi positiver : je suis entier et mon dieu, c’est le principal… J’ai entendu un bruit d’eau. J’ai cru que c’était les ballasts, vu que je dors à côté, mais j’ai trouvé que c’était un bruit anormal. J’ai découvert dans toute la cabine avant du bateau que les planchers flottaient : il y avait 60 à 80 cm d’eau. J’ai affalé ma grand-voile qui était à 3 ris, roulé ma trinquette. Je suis retourné à l’intérieur, j’ai relevé les planchers : il y avait déjà de l’eau quasiment à mi moteur... J’ai mis ma combinaison de survie, J’ai lancé un Maiday, j’ai déclenché mes deux balises, j’ai prévenu Benjamin Hardouin... A ce moment là, le système de sauvetage s’est mis en route. J’étais parfaitement calme car j’étais entouré, en moins de 40 milles d’une dizaine de bateaux. Ma vie ne risquait pas d’être mise en Route du Rhum

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