Erwan Le Roux –220 milles, c’est à la fois beaucoup et pas grand-chose
by Service de Presse de FenêtréA-Prysmian on 4 Nov 2015
Titre non renseigné - Erwan Le Roux et Giancarlo Pedote Vincent Olivaud
Depuis la deuxième partie de la nuit dernière, Erwan Le Roux et Giancarlo Pedote ont commencé a nettement ralentir la cadence, la faute aux prémices du fameux Pot-au-Noir, cette zone de convergence intertropicale que les marins redoutent tant. Et si, pour l’heure, les deux co-skippers de FenêtréA-Prysmian, leaders de la flotte des Mutli50 de la 12e Transat Jacques Vabre, conservent des vents plutôt stables, ils savent que le plus dur est à venir ce soir. L’important sera alors de réussir à s’arrêter le moins longtemps possible, mais aussi de minimiser les figures de styles sous les grains pour éviter de casser du matériel… ou de se retrouver à l’envers, comme l’a rappelé Erwan, ce matin, lors d’un entretien téléphonique avec son équipe. Voici l’interview.
Vos vitesses commencent à chuter. Vous êtes manifestement dans le Pot-au-Noir…
« Nous sommes effectivement rentrés dedans cette nuit. Ca a commencé par un bon grain et c’était assez bordélique. Ca refusait, ça mollissait puis ça rentrait de nouveau. Ce n’était vraiment pas clair et c’était d’autant plus compliqué à gérer qu’il faisait nuit noire et qu’on n’y voyait donc pas grand-chose. Après, ça s’est calmé puis même bien éclairci au lever du soleil. A présent, nous avons retrouvé un vent relativement stable. Ca avance correctement, c’est bien. Nous faisons des quarts de deux heures, pas plus. Dans cette zone délicate de convergence, nous sommes en fait en stand-by en permanence, prêts à bondir ! Le défi pour nous, depuis le début de la course, c’est d’aller vite tout en restant à l’endroit. Dans le Pot-au-Noir, c’est pareil, et on sait que dans les grains, ce n’est pas si simple. J’avoue que, pour ma part, je reste un peu traumatisé par celui à 38 nœuds que je n’avais pas vu arriver lors de la Route du Rhum et qui a bien failli me coûter la victoire.. »
Il y a donc un peu de stress dans l’air…
« Clairement oui et je ne le cache pas. Actuellement, il fait jour alors ça va car nous pouvons voir les nuages arriver. Ce que je crains un peu, c’est la première partie de la nuit prochaine car à mon sens, à ce moment-là, nous serons vraiment dans le dur. Normalement, demain matin, nous serons sortis d’affaire. Avec Giancarlo, nous avons d’ores et déjà anticipé les choses en déplaçant les poids du bord. Jusqu’ici, ils étaient regroupés autant que possible à l’arrière du bateau. A présent, ils sont plutôt sur l’avant. Nous avons ainsi fait une bonne séance de matossage ce matin, ce qui nous a valu une bonne suée à tous les deux ! »
Le fait d’avoir quelques IMOCA devant vous vous aide t-il pour le passage de ce Pot-au-Noir ?
« Cela nous a donné de bonnes pistes, c’est sûr. Nous sommes en train de bien revenir sur eux en ce moment. Bientôt, nous devrions les doubler et j’espère les croiser, Yann Eliès (son équipier lors de la dernière Transat Jacques Vabre, ndlr), surtout. C’est motivant. »
On imagine que vous avez plus qu’un œil sur la concurrence derrière ?
« C’est sûr que nous regardons avec attention ce qu’Arkema fait. Aujourd’hui, il est à plus de 220 milles derrière nous, mais je n’oublie pas que dans la même course il y a deux ans, avec Yann, nous étions en tête avec 150 milles d’avance sur Actual d’Yves Le Blévec et Kito de Pavant à l’entrée du Pot-au-Noir et qu’au final nous ne sommes ressortis de là qu’avec 20 milles d’avance. 220 milles, c’est beaucoup et à la fois pas tant que ça. Bien sûr, nous préférons être à notre place plutôt qu’à celle de Lalou (Roucayrol) et de César (Dohy), mais nous restons attentifs. Ils vont entrer dans le Pot plus à l’est que nous et ils risquent donc d’avoir un meilleur angle que nous ensuite. Pour ne pas les laisser revenir, nous devons bien naviguer et ne pas nous endormir. A nous d’être au taquet ce soir quand ça va devenir complexe, et de ne pas casser car mine de rien, tout peut se passer. Se prendre un OFNI (objet flottant non identifié), c’est une de mes hantises. Hier, nous avons d’ailleurs eu un peu chaud car un poisson lune, un énorme bestiau, est passé pile-poile entre la coque centrale et le flotteur au vent. Nous étions alors lancés dans un surf à 27 nœuds. Je n’aurais rien pu faire s’il était passé sous la coque centrale et à cette vitesse, c’est sur, nous aurions cassé la dérive et le safran. Ce genre de truc, c’est vraiment flippant alors il faut rester vigilant jusqu’au bout. »
If you want to link to this article then please use this URL: www.sail-world.com/139787